Désert poussiéreux pour tous [ Light Mizui ; Sunaï ; + libre pour qui veut ]

Le désert de poussière, un lieu étrange et fascinant. Il serait apparu par le biais d'un portail donnant sur un autre monde qui aurait déversé sa poussière sur Noerphilie, laissant derrière lui une étendue désormais déserte. Sunaï, malgré le vide offert par ce désert, aimait bien cet endroit, même si elle n'y était pas venue souvent. Elle marchait silencieusement dans le sable - ou poussière, elle ne savait pas vraiment comment appeler ça -, bravant le vent qui arrachait des hurlements entre les dunes. Tout en resserrant le col du manteau qu'elle avait acheté pour l'occasion, elle repensait aux raisons qui l'avaient emmenée ici. Depuis quelques années, des créatures sombres et mystérieuses appelées Ombres avaient fait leur apparition et s'attaquaient à tous, des humains aux démons, sans raison particulière. D'ailleurs, c'était l'arrivée de ces Ombres qui avaient provoqué une alliance entre les démons et les humains, au grand étonnement de tous. La mercenaire chassa ces pensées de son esprit et se focalisa sur son objectif de la journée, qui ne lui paraissait plus très utile, maintenant. En réalité, elle cherchait depuis quelques temps un moyen pour vaincre les Ombres qui ne montraient aucun point faible pour le moment, tuant sans relâche des innocents. La jeune femme, sachant qu'on disait que ce désert était apparu par un portail donnant sur un autre monde, avait voulu aller voir cela de plus près. Tout ce qui pourrait lui donner des informations ou des idées pour pouvoir se défendre contre des créatures d'un autre monde lui était bienvenue ; et quoi de mieux que de rendre visite à un portail dimensionnel pour, peut-être, par une illumination soudaine, trouver la solution à tout cela ? Sunaï n'avait jamais mis un pied hors de Noerphilie, et puis même si cela lui avait été possible, la visite d'autres mondes ne l'intéressait pas tant que ça. Elle avait déjà beaucoup à faire ici, pas besoin d'y ajouter d'autres problèmes dans un lieu inconnu ! La mercenaire avait donc quitté Sylenaglacia, la capitale humaine reculée dans des contrées glacées, pour pénétrer dans le désert de poussière et peut-être rentrer avec de nouvelles informations concernant les Ombres. Elle se demandait souvent ce qu'aurait fait leur ancien gouverneur Shain s'il avait été toujours en vie. De toute façon, sa vie serait probablement devenue moins attrayante à cause de la mort de sa soeur, assassinée de sang-froid par un certain Light Mizui, que Sunaï connaissait seulement de nom. Si elle tombait un jour sur ce traître qui avait déserté, la mercenaire demanderait sûrement des expliquations voire autre chose qui se traduirait plus par des coups que par des paroles bienveillantes.
Sunaï s'arrêta quelques instants dans sa marche pour regarder autour d'elle, ce qui était assez compliqué à cause du vent qui lui ramenait toujours ses cheveux devant les yeux et le sable qui volait dans tous les sens. Elle finit donc par les nouer avec un ruban et se mit à réfléchir sur l'endroit où se trouvait le fameux portail. A vrai dire, elle savait juste qu'un passage dimensionnel (toujours ouvert ou non, ça elle ne savait pas par contre) se trouvait dans cette partie du désert, celle où la poussière était la plus épaisse et nombreuse, mais où exactement ? Bonne question. La jeune femme s'asseya donc un moment pour faire une pause et manger quelque chose. Elle avait tout son temps, après tout. Elle posa son épée sur ses jambes après l'avoir enlevée de son fourreau pour pouvoir l'attraper plus vite, au cas-où. La jeune femme n'avait croisé personne dans cet endroit désert, mais on n'était jamais trop prudent. Depuis qu'elle avait mené les humains contre les démons durant la guerre, un nombre impressionant d'ennemis s'étaient lévés sur sa route pour lui faire la peau. Elle restait donc toujours sur ses gardes pour ne pas se retrouver assommée, embrochée, tuée par balle ou d'autres perspectives plus ou moins désagréables. Enfin, ce n'était pas dit que quelqu'un arrive à la tuer si facilement, depuis le temps qu'elle combattait, on ne pouvait pas la qualifier de faible...
Sunaï reprit sa route après quelques minutes et resserra un peu plus son manteau. Le vent ne tombait pas et levait des tornades de poussières toujours plus violentes les unes que les autres. Pas un chat ne troublait le silence, et la mercenaire trouvait cette ambiance plutôt sereine malgré les grains qui réduisaient sa vision. Si elle restait toute la journée ici, elle serait transformée en homme de sable à n'en pas douter ! Se secouant légèrement pour faire tomber la poussière accumulée dans les plis de ses vêtements et de ses cheveux, la mercenaire pensa à Sylenaglacia : elle espérait qu'il ne se passerait rien de grave pendant son absence. Avec un peu de chance, personne ne remarquerait qu'elle était partie et elle serait rentrée avant que la rumeur de son absence ne se répande... Au moment où elle songeait à cela, Sunaï eut une sorte d'intuition. Son instinct, peut-être ? En tout cas, elle sut, aussi rapidement que le sable qui volait dans le désert, qu'elle n'était pas seule (ou du moins, qu'elle ne l'était plus). Maintenant qu'elle se concentrait, elle pouvait entendre à travers le sifflement du vent dans ses oreilles des pas autres que les siens qui crissaient contre la poussière sur le sol. Quelqu'un la suivait ? Possible. Pourtant, elle avait été sûre jusque-là que personne n'était derrière elle durant tout le trajet. Un simple voyageur, peut-être perdu, donc ? Possible aussi, mais Sunaï douta fortement que quelqu'un se promène par simple plaisir dans un lieu comme celui-ci, surtout par cette période plutôt troublée dans laquelle était Noerphilie, à moins d'avoir un but précis en tête. Le portail présent dans cette partie du désert attirait sûrement des visiteurs curieux tout autant qu'elle, alors. La mercenaire ne resta pas plus longtemps dans ses réflexions et fit mine encore un peu d'ignorer la présence derrière elle. Alors, étant sûre que la personne l'entendrait, car elle n'était plus très loin d'elle maintenant, la jeune femme lança avec force pour se faire entendre :

- Qui donc peut bien se promener ici par ce temps ?

Sunaï se retourna ensuite pour faire face à son interlocuteur et le regarder bien profondément. Elle se demanda vaguement qui cela pouvait bien être. En tout cas, elle serra sa main droite sur la garde de son épée, sous son manteau. Comme elle y pensait un peu plus tôt, on n'était jamais trop prudent...

Perdue ? Non, ce n'était pas vraiment le cas. Qui irait se perdre dans un désert ? Sunaï savait bien où elle était, seulement elle ne savait pas où trouver un certain portail... C'était assez différent. La mercenaire resta silencieuse quelques instants pour observer la personne qui se trouvait devant elle. Sans savoir pourquoi, elle avait un désagréable pressentiment. Ce visage lui disait quelque chose, peut-être l'avait-elle déjà vu quelque part ? Pourtant elle se souviendrait avoir croisé quelqu'un avec de tels yeux argentés. Sans doute son visage était-il dessiné dans plusieurs archives du royaume... Ce qui voudrait dire que cette personne avait fait quelque chose d'assez important pour que l'on connaisse son physique. Sunaï, intriguée par cet inconnu, continua à le détailler mais sans se souvenir en quoi il lui rappelait quelque chose. Elle resta debout devant lui, dans le vent, la main toujours fermée sur son épée, sous son manteau. Elle posa un bref regard sur le katana de son interlocuteur. Enfin, après quelques secondes, elle se décida à parler :

- Je ne suis pas perdue, merci bien. (Après une pause : ) Je n'ai pas l'habitude de recevoir de l'aide d'un étranger, donc je ne pense pas que je vais accepter votre offre... De toute façon, je doute que vous puissiez m'aider en quoi que ce soit.

Sunaï s'interrompit, plissant les yeux face à la poussière qui continuait à voler autour d'eux. L'homme devant elle la rendait vraiment soupçonneuse, et cette impression était accentuée par le fait qu'elle le connaissait de vue (pas personnellement, sinon elle saurait son nom, mais elle savait qu'elle avait déjà croisé son visage quelque part).
Remarquant qu'il n'avait pas répondu à sa question, la jeune femme reprit :

- Je suis étonnée de rencontrer quelqu'un ici... Ce n'est pas vraiment un endroit approprié pour les promenades solitaires.

La mercenaire essayait de le faire parler sur sa raison d'être ici sans poser la question directement. Elle préférait ne pas être trop indiscrète ; les gens se braquaient bien souvent depuis la guerre contre les démons et l'arrivée des Ombres... On ne savait jamais sur qui on pouvait tomber, Noerphilie était devenu un monde dangereux, inquiétant, où la confiance était rare. Mais au moins, l'homme devant elle n'était pas possédé par une Ombre, c'était certain : la couleur de ses yeux le prouvait. D'ailleurs, les yeux de cette personne troublaient la mercenaire. Ces yeux semblaient vides, ils la regardaient... sans la regarder, c'était une impression étrange. Peut-être avait-il des problèmes de vue...
Sunaï replaça une mèche rebelle derrière son oreille tout en vérifiant la justesse de ses réflexions. Elle décida ensuite d'aller droit au but, car la silhouette de cet homme l'intriguait de plus en plus.

- Êtes-vous quelqu'un de connu ? Il me semble vous avoir déjà vu quelque part. Enfin, je me trompe peut-être...

Sunaï observa le visage de son interlocuteur pour guetter sa réaction. Elle était bien mal placée pour parler de ça, elle qui était connue partout désormais... La jeune femme ne pouvait plus traverser la rue sans qu'on ne la salue ou qu'on ne l'aborde. C'était assez pénible parfois, l'anonymat lui manquait souvent.
Sunaï resserra une nouvelle fois le col de son manteau tout en gardant le poing serré sur la garde de son arme. Ignorant pourquoi, elle avait étrangement l'impression qu'un combat était à envisager. Pourtant elle ne connaissait pas la personne qui était juste là : elle attendait donc ses réponses, et si l'homme se montrait dangereux, elle réagirait en conséquence...